Un jour, Gerhard Richter a décidé de peindre la photo d’un nuage – pas très gros, dense en son coeur et finement vaporeux sur les bords. Un poisson peut-être? Non, décidément, ce nuage n’est que lui-même, une masse hasardeuse et indéfinissable. Comme le dit Hubert Damish dans sa Théorie du nuage, le nuage » contredit […] par son inconsistance relative, à la solidité, à la permanence, à l’identité qui définissent la forme ».
Peinture figurative sans forme et sans autre sujet que l’inatteignable et l’impermanent, elle n’est cependant pas romantique comme le ciel chez Friedrich, et se situe plutôt dans la simplicité d’une mutation des médiums, de la vision photographique en contre-plongée à l’expérience picturale frontale et massive. Entre figuration et abstraction, Richter nous promène encore une fois dans l’évidence de la complexité et de l’entre-deux, comme le nuage entre la terre et le bleu du ciel – inutile d’ajouter que c’est follement beau.
Exposition Gerhard Richter au Centre Pompidou jusqu’au 24 septembre : précipitez-vous si ce n’est déjà fait, c’est sans conteste le plus grand peintre de la seconde moitié du XXème siècle, oui oui…
Pauline Daniez