Il est possible que vous connaissiez Nadu Marsaudon, mais vous ne le savez pas encore. Vous souvenez-vous cette soirée au Rancho, fameux club de Charente-Maritime à Saint-Palais-sur-Mer ? Et l’après-midi parmi les singes et les éléphants du Zoo de la Palmyre ? Ou la sole meunière au mythique « Tiki », dont on se souvient encore du slogan (« Taka Alé O Tiki »). Et bien il y a la « patte » Nadu Marsaudon – dans les décors, fresques, logo, affiches, etc.
J’ai eu envie de vous en parler, non seulement parce que c’est un ami de longue date de mes parents, et qu’il m’est toujours apparu comme un personnage avec une certaine aura inspirante, mais aussi parce que j’ai eu la chance de me balader dans son atelier le printemps dernier – sans oublier la visite de sa présente exposition au musée de Royan.
Nadu et sa femme France vivent dans une petite maison haut perchée sur une falaise qui surplombe l’estuaire de la Gironde, un écrin de mer et de ciel mêlés, où l’on resterait scotché à la baie vitrée si on était dans la maison de n’importe qui. Le voyage commence par des collections de centaines de petits objets qui peuplent la maison : des autels vaudous, des panneaux indiens finement sculptés, des casques tibétains, des cornes de bisons, des statuettes de vierges ou de pin-up des années 50, des petites sculptures balnéaires des années 1940 qu’on lui piquerait bien, etc., le tout trouvé dans un bazar au Yemen, dans les contreforts de l’Himalaya ou encore à la brocante de Royan. On trouve aussi exposée en ce moment à Royan une partie de sa collection d’objets amérindiens, digne d’un musée.
Parce qu’il a voyagé, Nadu. En Haïti, Afrique, Amérique, etc. et plus de dix fois en Inde. Il nait de ces voyages, depuis toujours, des carnets de dessins aux traits d’une délicatesse et d’une précision envoûtante. Animé par les mythologies des quatre coins du globe, et des arcanes de sa propre imagination, Nadu dessine et peint des êtres hybrides et énigmatiques, souvent adjoints d’une écriture divinatoire calligraphiée avec une égale adresse. Dali et le surréalisme ne sont pas très loins : Nadu a d’ailleurs rencontré le gourou moustachu dans sa folle maison de Cadaques.
Quand on pénètre dans son atelier – dans lequel on ne doute pas qu’il conserve les esprits rencontrés lors de ses voyages – on découvre les oeuvres d’une vie, qu’il déploie sous vos yeux comme s’il en avait eu plusieurs. L’influence du surréalisme est là, mais on sent aussi les années 70, le trait acéré et ondulant, les couleurs vives, quasi psychédéliques.
Une figure remuante de la région, qui, au-delà de son atelier, a distillé son style toujours teinté d’humour sur le front de mer charentais.
Vous ne regarderez plus les fresques du Rancho de la même façon. Bonne visite.
PS : ce post n’est pas subventionné par le Département de la Charente-Maritime…
Pour en savoir plus sur son travail : http://nadu-marsaudon.com
Par Pauline Daniez